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conquête, il leva les mains au ciel, et fit cette prière : « Grand Jupiter, et vous dieux qui voyez les bonnes et les mauvaises actions des hommes, vous savez que ce n’est pas injustement, mais par la nécessité d’une juste défense, que les Romains ont pris les armes contre les coupables habitants de cette ville. Si, pour compenser cette prospérité, nous devons éprouver quelque malheur, épargnez, je vous en conjure, la ville de Rome et son armée, et faites-le retomber sur moi, en l’adoucissant le plus qu’il sera possible ». Cette prière achevée, il voulut, suivant la coutume des Romains après qu’ils ont invoqué les dieux, se tourner à droite, et en faisant ce mouvement il se laissa tomber. Cet accident troubla tous ceux qui étaient auprès de lui ; mais il leur dit en se relevant que sa chute était ce mal léger qu’il avait demandé aux dieux pour contre-balancer un si grand bonheur.

[6] VII. Quand on eut cessé le pillage, Camille, pour accomplir son vœu, s’occupa de faire transporter à Rome la statue de Junon. Il assembla des ouvriers ; et après avoir fait un sacrifice à la déesse, il la pria d’accueillir favorablement le zèle des Romains, et de venir dans des dispositions propices habiter avec les dieux protecteurs de Rome. La statue, dit-on, répondit