Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/395

Cette page n’a pas encore été corrigée

auraient fait peu d’impression sur Lysandre, s’il n’eût enfin reçu de Sparte une scytale qui lui ordonnait de se défaire d’Alcibiade. Était-ce par la crainte qu’ils avaient de son habileté et de son grand courage ? ou voulurent-ils seulement faire plaisir à Agis leur roi ? Lysandre fit donc passer cet ordre à Pharnabaze pour le faire exécuter, et ce satrape en chargea Magée son frère, et son oncle Sysamithrès.

XLVIII. Alcibiade vivait alors dans un bourg de Phrygie avec Timandre sa concubine. Il songea une nuit que, vêtu des habits de cette courtisane, il était couché sur son sein ; qu’elle lui peignait et lui fardait le visage comme à une femme. D’autres disent qu’il vit en songe Magée qui lui coupait la tête, et faisait brûler son corps ; mais tous conviennent qu’il eut ce songe peu de temps avant sa mort. Ceux qu’on avait envoyés pour le tuer n’osèrent pas entrer ; ils environnèrent la maison et y mirent le feu. Alcibiade ne s’en fut pas plus tôt aperçu, que, ramassant tout ce qu’il put de hardes et de tapisseries, il les jeta dans le feu ; et, s’entourant le bras gauche de son manteau, il s’élança l’épée à la main à travers les flammes, et en sortit sans aucun mal, parce que le feu n’avait pas encore consumé les hardes qu’il y avait jetées. À sa vue tous les Barbares s’écartèrent ;