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était leur second emportement contre Alcibiade, qu’ils avaient chassé sans qu’il leur eût fait aucun tort. Pour punir un pilote qui avait perdu honteusement quelques vaisseaux, ils avaient eux-mêmes bien plus honteusement privé la ville du plus brave et du plus habile de ses généraux. Cependant, malgré ce qu’avait d’affreux leur situation présente, ils conservaient encore un rayon d’espérance, et ne croyaient pas tout perdu, tant qu’Alcibiade vivait. Si dans son premier exil il n’avait pu se résoudre à rester dans l’inaction, il devait encore moins alors, pour peu qu’il en eût le moyen, souffrir l’insolence des Lacédémoniens et les cruautés des tyrans.

XLVII Ce n’était pas sans une apparence de raison que le peuple se berçait de ces idées, puisque les trente tyrans eux-mêmes mettaient un soin et une attention extrêmes à s’informer de ce que faisait et de ce que projetait Alcibiade. Enfin, Critias fit observer à Lysandre que les Lacédémoniens ne seraient jamais assurés de l’empire de la Grèce, si la démocratie subsistait à Athènes ; que, quand même les Athéniens se soumettraient avec douceur au gouvernement oligarchique, Alcibiade, tant qu’il vivrait, ne les laisserait pas s’accoutumer tranquillement à l’état présent des choses. Mais ces discours