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XXXIV. Les Athéniens qui étaient à Samos furent si indignés de ce qui se passait à Athènes, qu’ils résolurent sur-le-champ de faire voile vers le Pirée ; et qu’ayant appelé Alcibiade, ils l’élurent général, et lui ordonnèrent de se mettre à leur tête pour aller détruire les tyrans. Mais il n’agit pas comme eût pu faire tout autre qui aurait dû son élévation subite à la faveur du peuple ; il ne crut pas devoir complaire en tout et ne rien refuser à ceux qui, pendant qu’il était banni et fugitif, lui avaient déféré le commandement d’une flotte et d’une armée si nombreuses. Par une conduite digne d’un grand capitaine, il arrêta une démarche précipitée que leur dictait la colère, et, prévenant la faute qu’ils allaient commettre, il sauva évidemment la ville d’Athènes. S’ils eussent mis à la voile pour retourner dans l’Attique, aussitôt les ennemis, sans avoir à combattre, se seraient rendus maîtres de l’Ionie entière, de l’Hellespont et de toutes les îles, pendant que les Athéniens, portant la guerre dans leurs murailles, auraient combattu les uns contre les autres. Alcibiade seul l’empêcha, non seulement par les discours qu’il tint en général à toute l’armée, mais encore par ses représentations à chacun en particulier, en leur faisant sentir tout le danger d’un tel projet. Il fut secondé