Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/364

Cette page n’a pas encore été corrigée

et dire de lui : Ce n’est pas un étranger ; c’est un vrai Spartiate, formé par Lycurgue même. Mais, en approfondissant ses véritables inclinations, en le jugeant sur les actions qui en étaient la suite, on eût dit :

Ah ! c’est toujours la femme d’autrefois.

En effet, il corrompit si bien Timée, femme du roi Agis, alors absent pour une expédition militaire, qu’elle devint grosse de lui, et qu’elle ne le cachait pas. Elle accoucha d’un fils qu’elle appelait en public Léotychidas ; mais, dans l’intérieur de sa maison, au milieu de ses amies et de ses femmes, elle lui donnait le nom d’Alcibiade : tant sa passion était violente ! Il disait lui-même avec fierté que ce n’était ni emporté par le désir de faire affront au roi, ni vaincu par la volupté, qu’il l’avait séduite ; mais afin de mettre sur le trône de Sparte un roi de sa race. Tout cela fut rapporté à Agis, et il y ajouta foi d’autant plus aisément, que les époques s’accordaient avec ces rapports : car une nuit, ayant senti un tremblement de terre, il s’enfuit tout effrayé de l’appartement de la reine ; et il ne s’était pas approché d’elle

depuis dix mois. Léotychidas étant né après ce terme, il refusa de le reconnaître ; et cet enfant fut dans la suite exclu du trône.