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ou par les règles de la divination, confrefit le fou, et, prenant une torche allumée, il alla pour mettre le feu à sa maison. D’autres disent que, sans employer la feinte qu’on lui prête, il la brûla réellement pendant la nuit ; et que le lendemain, ayant paru sur la place, il conjura le peuple, en considération de cette perte, de dispenser son fils d’aller à la guerre, et, par cet expédient, il obtint ce qu’il voulait.

XXI. Nicias fut nommé, malgré lui, l’un des généraux. Il craignait ce commandement en lui-même, et plus encore parce qu’il avait Alcibiade pour collègue. Mais les Athéniens se persuadaient que l’expédition serait mieux conduite, s’ils ne l’abandonnaient pas tout entière à l’impétuosité d’Alcibiade, et s’ils tempéraient son audace par la prudence de Nicias ; car Lamachus, le troisième général, quoique avancé en âge, n’était ni moins bouillant qu’Alcibiade, ni moins intrépide dans les dangers. Le peuple s’étant assemblé pour délibérer sur le nombre des troupes qu’on armerait, et sur les autres préparatifs, Nicias fit de nouveaux efforts pour en détourner les Athéniens ; mais Alcibiade combattit son avis et l’emporta. Aussitôt un orateur nommé Démostrate proposa un décret qui laissait les généraux maîtres de tous les préparatifs qu’exigeait cette guerre.