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le camp à se gorger de viandes et de vin. Alors il envoie, bien avant le jour, ses troupes légères harceler les Barbares, et les charger à mesure qu’ils sortaient, pour les empêcher de se mettre en bataille. À la pointe du jour, il fait descendre dans la plaine et met en ordre de bataille son corps d’infanterie, que les Barbares, qui la croyaient en petit nombre et découragée, virent avec étonnement très-nombreuse et pleine d’ardeur. LV. Cette vue commença par rabattre la fierté des Gaulois, qui regardèrent comme déshonorant pour eux d’être attaqués les premiers. D’un autre côté, les troupes légères, qui tombaient sur eux avant qu’ils pussent prendre leur ordre accoutumé et se diviser par bataillons, mettaient la confusion dans leurs rangs, et les forçaient de combattre en désordre, chacun dans la place que le hasard lui assignait. Enfin, Camille ayant fait avancer son corps d’armée, les Barbares coururent sur lui leurs épées hautes. Mais les Romains, leur opposant leurs longues piques, et présentant à leurs coups des corps couverts de fer, les épées des Gaulois, qui étaient d’un acier peu battu et d’une trempe molle, se pliaient aisément, et se courbaient en deux. D’ailleurs leurs boucliers, hérissés de ces piques qui y restaient suspendues, étaient si pesants, que, ne pouvant les soutenir,