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une levée de troupes, et appela le peuple de la place au Champ de Mars, en menaçant de fortes amendes ceux qui n’auraient pas obéi. Les tribuns, de leur côté, opposant menaces à menaces, juraient que, s’il ne laissait pas au peuple la liberté de donner ses suffrages sur cette loi, ils le condamneraient lui-même à une amende de cinquante mille as. Soit que son grand âge lui fît redouter un nouvel exil et une seconde condamnation si peu digne des nombreux exploits par lesquels il s’était illustré, soit qu’il se crût incapable de lutter contre le vœu si fortement prononcé de la multitude, Camille se retira chez lui ; et peu de jours après, alléguant sa mauvaise santé, il abdiqua la dictature. Le sénat lui nomma un successeur ; et celui-ci, ayant choisi pour général de la cavalerie Stolon, le chef même de la sédition, lui donna la facilité de faire passer une loi qui déplut beaucoup aux patriciens, parce qu’elle défendait qu’aucun citoyen ne possédât plus de cinq cents arpents de terre. La confirmation de cette loi par le peuple fut pour Stolon une victoire bien éclatante ; mais peu de temps après, convaincu lui-même d’en posséder plus qu’il ne permettait aux autres d’en avoir, il fut puni en vertu de sa propre loi.