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l’attente de tout le monde, il laissa tous les autres pour choisir ce même Lucius Furius qui, peu de temps auparavant, avait, contre son avis, livré témérairement la bataille, et l’avait perdue. Sans doute cette préférence avait pour motif de lui fournir une occasion de réparer son malheur, et d’effacer la honte de sa défaite. Les Tusculans, instruits de la marche de Camille, usèrent d’adresse pour réparer leur faute ; ils remplirent la campagne de laboureurs et de bergers, qui, comme en pleine paix, cultivaient la terre et faisaient paître leurs troupeaux ; ils tinrent les portes de la ville ouvertes, et envoyèrent leurs enfants aux écoles comme à l’ordinaire. On voyait tous les artisans travailler tranquillement dans leurs ateliers ; les bourgeois se promener en robe sur la place publique ; et les magistrats, comme s’ils n’eussent eu rien à craindre et à se reprocher, se donner tous les mouvements nécessaires pour faire préparer des logements aux Romains. Ces témoignages de soumission n’ôtèrent pas à Camille la certitude qu’il avait de leurs projets de révolte ; mais, touché de ces marques de repentir qui en étaient un désaveu, il leur ordonna d’aller trouver le sénat, pour prévenir les effets de son ressentiment. Il appuya même leurs prières, et contribua beaucoup, non seulement à les faire absoudre, mais encore à leur