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avec un air doux et d'un ton de prière, mais avec un visage irrité et une voix menaçante : il lança sur ceux des soldats qui faisaient le plus de bruit un regard si terrible, qu'ils se retirèrent pleins d'effroi.

17. Sur le soir il eut soif, et but un verre d'eau : ensuite il se fit apporter deux épées ; et après en avoir longtemps examiné le fil, il rendit l'une, et mit l'autre sous son bras. Il appela ses domestiques, leur parla avec bonté, leur distribua ce qu'il avait d'argent, à l'un plus, à l'autre moins ; non pas cependant avec prodigalité, comme appartenant déjà à un autre maître, mais avec une mesure proportionnée à leur mérite respectif. Après ce partage il les congédia, et dormit si profondément que ses valets de chambre l'entendaient ronfler.

Au point du jour il fit appeler l'affranchi qu'il avait chargé de pourvoir au départ des sénateurs, et l'envoya s'informer s'ils étaient partis. Avant appris par son rapport qu'ils s'en étaient allés, pourvus de tout ce qui leur était nécessaire : « Maintenant, lui dit-il, va te montrer aux soldats, si tu ne veux pas qu'ils te fassent périr misérablement, comme m'ayant aidé à me donner la mort. » Dès que l'affranchi fut sorti, il prit son épée, et la tenant droite de ses deux mains, il se laissa tomber