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craindre de me sacrifier pour ma patrie. La victoire, je le sais, n'est ni entière, ni assurée pour les ennemis : j'apprends que notre armée de Mésie n'est qu'à quelques journées de nous, et qu'elle vient par la mer Adriatique ; l'Asie, la Syrie, l'Égypte, et les légions qui faisaient la guerre en Judée, se sont déclarées pour nous ; le sénat est dans notre parti ; les femmes et les enfants de nos ennemis sont entre nos mains. Mais ce n'est pas contre Annibal, contre Pyrrhus et les Cimbres, que nous faisons la guerre pour leur disputer la possession de l'Italie de part et d'autre ; ce sont des Romains qui combattent : vainqueurs ou vaincus, nous faisons également le malheur de notre patrie, et la victoire est toujours funeste à Rome. Croyez que je puis mourir avec plus de gloire que je ne sais régner ; et je ne vois pas que je puisse être aussi utile aux Romains par ma victoire que je le serai par ma mort, en me sacrifiant pour ramener la paix et l'union dans l'empire, pour empêcher que l'Italie ne voie une seconde journée aussi funeste que l'a été celle-ci. »

16. Malgré ce discours, ses amis renouvelèrent leurs efforts pour l'encourager et le détourner de sa résolution mais il fut inflexible ;