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méprisèrent cet avis, qu'ils regardèrent comme incertain ou comme inventé par cet homme pour faire plaisir à Brutus.

48. On prétend que le fantôme que Brutus avait déjà vu lui apparut encore cette nuit sous la même figure, et qu'il disparut sans lui avoir dit un seul mot ; mais Publius Volumnius, homme très versé dans la philosophie, et qui n'avait pas quitté Brutus depuis le commencement de la guerre, ne parle point de cette apparition : il dit seulement que l'aigle de la première enseigne fut couverte d'abeilles ; que le bras d'un de ses officiers distilla si abondamment de l'huile de rosé, qu'on ne pouvait l'arrêter, avec quelque soin qu'on l'essuyât. Il ajoute que peu de temps avant la bataille deux aigles se battirent entre les deux armées ; que pendant ce combat, qui attira l'attention de tout le monde, il régna dans toute la plaine un silence extraordinaire, et qu'enfin l'aigle qui était du côté de Brutus céda, et prit la fuite. On parle aussi d'un Éthiopien qui, s'étant présenté le premier à l'ouverture des portes du camp, fut massacré par les soldats, qui prirent cette rencontre pour un mauvais augure.

49. Quand Brutus eut fait sortir ses troupes et qu'il les eut rangées en bataille, en face de l'armée ennemie, il attendit longtemps à donner le signal du combat : en