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de Cassius, nommé Démétrius, arriva le soir au camp d'Antoine, et lui remit la robe et l'épée de son maître. Cette vue enflamma leur courage ; et le lendemain, dès le point du jour, ils présentèrent la bataille. Mais Brutus voyait les deux camps dans une agitation dangereuse : le sien était plein de prisonniers qui demandaient la surveillance la plus exacte ; celui de Cassius supportait avec peine le changement de chef, et la honte de leur défaite leur avait inspiré une haine et une envie secrètes contre les vainqueurs : il se borna donc à tenir ses troupes sous les armes, et refusa le combat. Il sépara les prisonniers en deux troupes, fit mettre à mort les esclaves que leurs rapports fréquents avec ses soldats lui rendaient suspects, et renvoya la plus grande partie des hommes libres, en disant que, déjà pris par les ennemis, ils seraient avec eux prisonniers et esclaves, au lieu qu'auprès de lui ils auraient été libres et citoyens ; et comme il s'aperçut que ses amis et ses officiers avaient pour quelques-uns de ces prisonniers un ressentiment implacable, il les cacha pour les dérober à leur fureur, et les fit partir secrètement de l'armée. Il y avait parmi eux un mime nommé Volumnius, et un certain Saculion, bouffon de son métier, dont Brutus n'avait tenu aucun compte. Ses amis les lui