Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/234

Cette page n’a pas encore été corrigée

vue de ses funérailles ne causât du trouble dans le camp. Ayant ensuite assemblé les soldats, il les consola ; et, pour les dédommager de la perte de leurs effets les plus nécessaires qui avaient été pillés, il leur promit deux mille drachmes par tête. Cette promesse leur rendit le courage ; ils admirèrent une si grande générosité ; et quand il les quitta, ils l'accompagnèrent de leurs acclamations, en lui donnant le glorieux témoignage qu'il était le seul des quatre généraux qui n'eût pas été vaincu. Il avait justifié par ses actions la confiance qu'il avait eue de vaincre : avec le peu de légions qu'il commandait, il renversa tous ceux qui lui firent tête ; et si dans la bataille il eût pu faire usage de toutes ses légions, que la plus grande partie de son aile n'eût pas outrepassé les ennemis pour aller piller leur bagage, il n'y aurait pas eu un seul de leurs différents corps qui n'eût été défait.

45. Il resta, du côté de Brutus, huit mille hommes sur le champ de bataille, en comptant les valets des soldats, que Brutus appelait Bryges ; et, suivant Messala, il en périt plus du double dans l'armée des ennemis. Une perte si considérable avait jeté ces derniers dans le découragement ; mais un esclave