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les jours dans son camp ; et plusieurs essaims d'abeilles se rassemblèrent dans un endroit des retranchements que les devins firent enfermer et mettre hors de l'enceinte, pour faire cesser, par leur expiation, la crainte superstitieuse qui déjà commençait à ébranler dans l'esprit de Cassius les principes Épicure, et qui avait entièrement captivé celui des troupes. Aussi Cassius n'avait-il plus la même ardeur pour livrer la bataille ; il préférait de traîner la guerre en longueur, parce qu'avec plus d'argent que l'ennemi, ils avaient moins d'armes et de soldats. Brutus, au contraire, avait toujours pensé qu'il fallait en venir promptement à une action décisive, afin de rendre au plus tôt la liberté à sa patrie, ou du moins pour délivrer de tant de maux tous ces peuples qui étaient écrasés par les dépenses de la guerre, et par tous les malheurs qu'elle entraîne après elle.

Il voyait d'ailleurs que dans toutes les escarmouches, dans toutes les rencontres qui avaient lieu, sa cavalerie avait toujours l'avantage ; et ces premiers succès lui inspiraient une grande confiance. Il passait tous les jours dans le camp de César un grand nombre de déserteurs, et l'on en dénonçait encore beaucoup d'autres, comme soupçonnés de vouloir suivre leur exemple. Ces considérations firent