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ainsi le trouble et l'effroi ; mais quand ils virent qu'il ne se commettait point d'autre meurtre, et qu'on ne pillait rien de ce qui était exposé en public, alors les sénateurs et un grand nombre d'autres citoyens, reprenant courage, se rendirent au Capitole auprès des conjurés. Le peuple s'étant assemblé, Brutus lui fit un discours analogue aux circonstances, et propre à gagner ses bonnes grâces : aussi fut-il approuvé et loué par le peuple même, qui cria aux conjurés de descendre du Capitole. Encouragés par cette invitation, ils se rendirent sur la place, où ils furent suivis par la multitude. Les plus illustres d'entre les citoyens avaient Brutus au milieu d'eux : et lui formant ainsi l'escorte la plus honorable, ils le conduisirent du Capitole à la tribune. Ils imposèrent à la populace, quoiqu'elle fût composée de gens ramassés au hasard, et tout prêts à exciter une sédition : leur respect pour Brutus les tint en silence, et ils observèrent le plus grand ordre.

Quand il s'avança pour leur parler, ils l'écoutèrent paisiblement ; mais ils firent voir combien ce meurtre leur déplaisait, lorsque Cinna, dans le discours qu'il leur lit, ayant commencé par accuser César, ils entrèrent en fureur, et vomirent contre lui tant d'injures, que les conjurés se retirèrent une seconde fois