Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée

s'appuyant sur le coude : « Brutus, dit-il en lui serrant la main, si tu formes quelque entreprise digne de toi, je me porte bien. »

12. Dès lors ils sondèrent secrètement leurs amis, et les personnes en qui ils avaient confiance ; ils leur faisaient part de leur projet, et choisissaient les conjurés non seulement entre leurs amis, mais encore parmi ces hommes dont l'audace et le mépris de la mort leur étaient plus connus. C'est pour cela qu'ils cachèrent leur dessein à Cicéron, celui de tous leurs amis sur l'affection et la fidélité duquel ils pouvaient le plus compter : mais naturellement il manquait d'audace ; et l'âge lui ayant donné de plus cette timide circonspection des vieillards[7], il voulait par le seul raisonnement porter tout ce qu'on proposait au dernier degré de sûreté. Ces considérations leur firent craindre que, dans une entreprise qui demandait de la célérité, il n'émoussât leur courage et ne ralentît leur ardeur. Brutus ne s'en ouvrit pas non plus à deux autres de ses amis, Statilius, le philosophe épicurien, et Favonius, l'émule de Caton, parce qu'un jour, dans un entretien philosophique qu'il avait avec eux, ayant jeté, pour les sonder, un propos vague qu'il fit venir de loin par un long détour, Favonius avait répondu qu'une guerre civile était bien plus funeste