Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/177

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donc le Romain, lui dit-il, qui voudrait consentir à votre mort ? Ignores-tu, Brutus, qui tu es ? Crois-tu que ce soient des tisserands et des cabaretiers, et non pas les premiers et les plus puissants de la ville, qui couvrent ton tribunal des écrits que tu y trouves tous les jours ? Ils attendent des autres préteurs les distributions d'argent, les spectacles, les combats de gladiateurs ; mais ils réclament de toi, comme une dette héréditaire[6], le renversement de la tyrannie. Ils sont prêts à tout souffrir pour toi, si tu veux te montrer tel qu'ils pensent que tu dois être. » En disant ces mots, il serra étroitement Brutus dans ses bras, et s'étant séparés, ils allèrent chacun trouver leurs amis.

11. Caius (2) Ligarius, accusé devant César pour avoir suivi le parti de Pompée, dont il était l'ami, avait été absous par le dictateur ; mais moins reconnaissant du bienfait qu'irrité du danger qu'il avait couru, il était toujours l'ennemi de César et l'intime ami de Brutus. Celui-ci étant allé le voir, et l'ayant trouvé malade dans son lit : « Ah ! Ligarius, lui dit-il, dans quel temps tu es malade ! » Ligarius, se soulevant et