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exécuté leur complot, les amis de César se réunirent pour venger sa mort ; et l'on craignit de voir Rome replongée dans les horreurs de la guerre civile. Antoine, alors consul, assembla le sénat, et parla, en peu de mots, sur la nécessité d'agir de concert. Cicéron fit un très long discours analogue aux circonstances, et persuada les sénateurs de décréter, à l'exemple des Athéniens, une amnistie générale pour tout ce qui avait été fait depuis la dictature de César, et de donner des gouvernements à Cassius et à Brutus.

Mais ces sages mesures furent sans effet. Le peuple, en voyant le corps de César, porté à travers la place publique, se laissa aller à sa compassion naturelle ; et Antoine ayant déployé la robe du dictateur, tout ensanglantée, et percée des coups qu'on lui avait portés, ce spectacle remplit la multitude d'une telle fureur, qu'elle chercha les meurtriers dans la place même, et que, s'armant de tisons enflammés, elle courut à leurs maisons, pour y mettre le feu. Ils se dérobèrent à ce danger, qu'ils avaient prévu ; et comme ils en craignaient de plus grands encore, ils prirent le parti de quitter Rome.

XLIII. Leur fuite releva la fierté d'Antoine ; la pensée qu'il allait régner seul dans la ville le rendit redoutable à tout le monde,