Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 13.djvu/78

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tous ses projets, et ne pouvait s'empêcher de lancer contre les alliés les railleries les plus piquantes. Cependant il se promenait toute la journée dans le camp, d'un air sérieux et morne : mais il ne laissa échapper aucune occasion de faire rire par ses bons mots ceux qui en avaient le moins d'envie. Je ne crois pas inutile d'en rapporter ici quelques-uns.

Domitius, qui voulait élever au grade de capitaine un homme peu fait pour la guerre, vantait la douceur et l'honnêteté de ses mours, « Que ne le gardez-vous, lui dit Cicéron, pour élever vos enfants ?» Théophane de Lesbos était intendant des ouvriers dans le camp de Pompée ; et comme on le louait de la manière dont il avait consolé les Rhodiens après la perte de leur flotte : «Qu'on est heureux, dit Cicéron, d'avoir un Grec pour capitaine ! » César avait du succès dans toutes les rencontres qui avaient lieu entre les deux armées, et tenait Pompée comme assiégé. Lentulus ayant dit un jour que les amis de César étaient, tristes : « Voulez-vous dire, répondit Cicéron, qu'ils sont mal disposés pour César ? » Un certain Marcius, nouvellement arrivé d'Italie, disait que le bruit courait dans Rome que Pompée était assiégé dans son camp. « Vous vous êtes donc embarqué tout exprès, lui dit Cicéron, pour