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du préteur ; Cicéron entreprit leur défense, et parvint à les justifier. Plein de confiance en lui-même, après tous ces succès, il retournait à Rome lorsqu'il eut en route une aventure assez plaisante, qu'il nous a lui-même transmise. En traversant la Campanie, il rencontra un Romain de distinction qu'il croyait son ami. Persuadé que Rome était remplie du bruit de sa renommée, il lui demanda ce qu'on y pensait de lui, et de tout ce qu'il avait fait. « Eh ! où donc avez-vous été, Cicéron, pendant tout ce temps-ci ?» lui répondit cet homme. Cette réponse le découragea fort, en lui apprenant que sa réputation s'était perdue dans Rome comme dans une mer immense, et ne lui avait produit aucune gloire solide.

La réflexion diminua depuis son ambition, en lui faisant sentir que cette gloire à laquelle il aspirait n'avait point de bornes, et qu'on ne pouvait espérer d'en atteindre le terme. Cependant il conserva toute sa vie un grand amour pour les louanges, et une passion vive pour la gloire qui l'empêchèrent souvent de suivre, dans sa conduite, les vues sages que la raison lui inspirait.

VII. Entré dans l'administration avec un désir ardent d'y réussir, il sentit, d'après l'exemple des artisans qui n'employant que des outils et des instruments inanimés, savent en