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entré au sénat pour se justifier des soupçons qu’on avait conçus contre lui, y essuya les plus violents reproches. Comme l’assemblée se prolongeait au delà du terme ordinaire, le peuple accourut en foule, environna le sénat, en jetant de grands cris, et demanda d’un ton impérieux qu’on laissât sortir César. Caton, qui craignait quelque entreprise de la part des indigents de Rome, de ces boute-feux de la multitude, qui avaient mis en César toutes leurs espérances, conseilla au sénat de faire tous les mois, à cette classe du peuple, une distribution de blé, qui n’ajouterait aux dépenses ordinaires de l’année que cinq millions cinq cent mille sesterces. Cette sage politique fit évanouir pour le moment la crainte du sénat ; elle affaiblit et dissipa même en grande partie l’influence de César, dans un temps où l’autorité de la préture allait le rendre bien plus redoutable. Cependant il ne s’éleva point de trouble ; au contraire, il éprouva lui-même une aventure domestique qui lui fut très désagréable.

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Il y avait à Rome un jeune praticien nommé Pubius Clodius, distingué par ses richesses et par son éloquence ; mais qui, en insolence et en audace, ne le cédait à aucun des hommes les plus fameux par leur scélératesse. Il aimait Pompéia, femme de César, qui, elle-