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mais encore d’anéantir la république, et de détruire l’empire romain. Dénoncé sur des indices assez légers, il sortit de Rome avant que ses projets eussent été découverts ; mais il laissa Lentulus et Céthégus pour le remplacer dans la conduite de la conjuration. Il est douteux si César encouragea secrètement ces hommes audacieux, et leur donna même quelque secours ; ce qu’il y a de certain, c’est que ces deux conjurés ayant été convaincus par les preuves les plus évidentes, et Cicéron, alors consul, ayant demandé l’avis de chaque sénateur sur la punition des coupables, tous opinèrent à la mort, jusqu’à César, qui, s’étant levé, fit un discours préparé avec le plus grand soin ; il soutint qu’il n’était conforme ni à la justice, ni aux coutumes des Romains, à moins d’une extrême nécessité, de faire mourir des hommes distingués par leur naissance et par leur dignité, sans leur avoir fait leur procès dans les formes ; qu’il lui paraissait plus juste de les renfermer étroitement dans telles villes de l’Italie que Cicéron voudrait choisir, jusqu’à après la défaite de Catilina ; qu’alors le sénat pourrait, pendant la paix, délibérer à loisir sur ce qu’il conviendrait de faire de ces accusés. Cet avis, qui parut plus humain, et qu’il avait appuyé de toute la force de son éloquence, fit une