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fait avant lui de plus brillant, inspirèrent au peuple une telle affection, qu’il n’y eut personne qui ne cherchât à lui procurer de nouvelles charges et de nouveaux honneurs, pour le récompenser de sa magnificence.

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Rome était alors divisée en deux factions : celle de Sylla, toujours très puissante, et celle de Marius, qui, réduite à une grande faiblesse et presque dissipée, osait à peine se montrer. César voulut relever et ranimer cette dernière : lorsque les dépenses de son édilité lui donnaient le plus d’éclat dans Rome, il fit faire secrètement des images de Marius, avec des Victoires qui portaient des trophées ; et une nuit il les plaça dans le Capitole. Le lendemain, quand on vit ces images tout éclatantes d’or, et travaillées avec le plus grand art, dont les inscriptions faisaient connaître que c’étaient les victoires de Marius sur les Cimbres, on fut effrayé de l’audace de celui qui les avait placées, car on ne pouvait s’y méprendre. Le bruit qui s’en répandit aussitôt attira tout le monde à ce spectacle : les uns disaient hautement que César aspirait à la tyrannie, en ressuscitant des honneurs qui avaient été comme ensevelis par des lois et des décrets publics : que c’était un essai qu’il faisait pour sonder les dispositions du peuple, déjà amorcé par sa magnificence ;