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Enfin, rentrés en eux-mêmes, il vont tous à la porte de sa tente, sans armes et en simple punique, en poussant des cris et des gémissements, se livrent à la justice du roi et le prient de les traiter comme des méchants et des ingrats. Alexandre, quoique adouci par ces témoignages de repentir, refusa de les admettre en sa présence ; mais, loin de se rebuter, ils passèrent deux jours et deux nuits devant sa tente, déplorant leur malheur et l’appelant leur seigneur et leur roi. Il sortit enfin le troisième jour, et, attendri par l’état d’humiliation où il les voyait, il pleura longtemps avec eux, leur fit avec douceur quelques reproches ; et, après un discours rempli d’humanité, il donna congé à ceux qui étaient hors de service et les renvoya comblés de présents. Il écrivit à Antipater pour lui recommander que, dans tous les jeux et dans tous les théâtres, ils fussent assis aux premières places, avec des couronnes sur la tête ; et il ordonna que les enfants de ceux qui étaient morts dans le cours de la guerre reçussent tout de suite la solde de leurs pères.

XCIV. Quand il fut arrivé à Ecbatane en Médie et qu’il eut expédié les affaires les plus pressées, il recommença à célébrer des jeux et à donner des spectacles avec trois mille artistes qui lui étaient arrivés de Grèce ; mais dans ces