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pas honte de recevoir de tes bienfaits et je les accepterai avec reconnaissance. » Alexandre fut ravi de sa franchise, et lui dit en l’embrassant : « Crois-tu donc, Taxile, que, pour ces belles paroles et ces témoignages de confiance, notre entrevue se passera sans combat ? Non, tu n’y auras rien gagné : je veux combattre avec toi jusqu’à l’extrémité, mais par des bienfaits ; et je ne prétends pas être vaincu en générosité. » Il reçut de Taxile de riches présents, lui en fit de plus considérables ; et enfin, dans un souper, il lui porta pour santé mille talents d’argent monnayé. Un pareil don déplut aux courtisans d’Alexandre ; mais il lui gagna l’affection de la plupart des Barbares. Les plus aguerris des Indiens avaient coutume de vivre de la solde des villes voisines, qu’ils défendaient avec le plus grand courage. Ils faisaient souvent beaucoup de mal à Alexandre, qui finit par leur accorder une capitulation honnête, à condition qu’ils sortiraient d’une ville où ils s’étaient renfermés. Comme ils se retiraient, il les surprit dans leur marche et les fit tous passer au fil de l’épée. Cette perfidie est une grande tache sur la vie militaire d’Alexandre, qui jusqu’alors avait fait la guerre en