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grasse et huileuse, qui ne fut pas plutôt épuisée, qu’il jaillit de la même source une espèce d’huile pure et claire, dont l’odeur et le goût ne différaient en rien de ceux de la véritable huile, et qui, par son éclat et son onctuosité, lui était entièrement semblable ; cependant il n’y a point d’oliviers dans tout ce pays. Il est vrai que l’eau de l’Oxus est, dit-on, onctueuse, et que la peau de ceux qui s’y baignent devient grasse et huileuse. On voit, par une lettre d’Alexandre à Antipater, combien il fut charmé de cette découverte, puisqu’il la met au nombre des faveurs les plus signalées qu’il eût reçues des dieux. Les devins lui dirent que ce signe présageait une expédition glorieuse, mais pénible ; car les dieux ont donné l’huile aux hommes pour réparer leurs fatigues.

LXXVIII. Il courut en effet de grands dangers dans les combats qu’il livra, et il y reçut plusieurs blessures en s’exposant avec la témérité d’un jeune homme. La plus grande partie de l’armée périt par la disette des choses les plus nécessaires et par l’intempérie de l’air ; mais, se piquant toujours de surmonter la fortune par l’audace, et la force par la vertu, Alexandre ne croyait rien d’imprenable à des hommes courageux, ni rien d’accessible aux cœurs lâches.