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ou brûlèrent avec joie tout ce qu’ils avaient de superflu. Cette disposition remplit Alexandre de confiance et d’ardeur. Mais il s’était déjà rendu terrible par la rigueur inexorable de ses punitions. Ménandre, un de ses courtisans, qu’il avait nommé commandant d’une forteresse, n’ayant pas voulu y rester, il le tua de sa propre main ; il fit aussi périr à coups de flèches un des Barbares qui s’étaient révoltés, et qui se nommait Orsodates.

LXXVII. Dans ce même temps, une brebis mit bas un agneau dont la tête était surmontée d’une tiare de la forme et de la couleur de celle des Perses ; sur les deux côtés de la tiare étaient deux signes de la reproduction. Alexandre eut horreur de ce prodige et se fit purifier par des Babyloniens, qu’il avait coutume de mener avec lui pour ces sortes d’expiations ; il dit à ses amis que c’était plutôt pour eux que pour lui-même qu’il était troublé de ce signe. « Je crains, ajouta-t-il, qu’après ma mort la fortune ne fasse tomber l’empire dans les mains d’un homme lâche et obscur. » Mais un signe plus favorable lui donna bientôt de meilleures espérances : un Macédonien, nommé Proxénus, intendant des équipages du roi, en creusant sur les bords du fleuve Oxus, pour dresser la tente d’Alexandre, découvrit une source d’une liqueur