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déjà très vieux, ne put résister au désir qu’il avait d’aller voir Alexandre. Il se transporta donc en Asie ; et, après avoir vu ce prince : « Je plains, lui dit-il, les Grecs qui, étant morts avant que de vous avoir vu sur le trône de Darius, ont été privés d’une si grande satisfaction. » Démarate ne jouit pas longtemps de la bienveillance du roi ; il mourut bientôt de maladie. Alexandre lui fit des obsèques magnifiques, et l’armée éleva en son honneur un monument dont l’enceinte était fort vaste, et la hauteur de quatre-vingts coudées. Ses cendres furent portées jusqu’au bord de la mer sur un char attelé de quatre chevaux et superbement orné.

LXXVI. Alexandre, prêt à partir pour l’Inde, vit ses troupes tellement accablées de butin, qu’on pouvait à peine les mettre en mouvement. Un jour, dès le matin, les chariots étant déjà chargés, il commença par brûler les siens avec ceux de ses amis, et commanda ensuite qu’on mit le feu à ceux des Macédoniens. La résolution paraissait plus dangereuse à prendre qu’elle ne fut difficile à exécuter ; elle n’en affligea qu’un très petit nombre ; tous les autres, comme saisis d’enthousiasme, poussant des cris tels qu’au commencement d’une mêlée, donnèrent leur bagage à ceux qui en avaient besoin, et détruisirent