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ordres de la ville, il fit encore aux tribuns du peuple un outrage sanglant. On célébrait la fête des Lupercales, qui, selon plusieurs écrivains, fut anciennement une fête de bergers, et a beaucoup de rapport avec la fête des Lyciens en Arcadie. Ce jour-là, les jeunes gens des premières maisons de Rome, et la plupart des magistrats, courent nus par la ville, armés de bandes de cuir qui ont tout leur poil, et dont ils frappent, en s’amusant, toutes les personnes qu’ils rencontrent. Les femmes même les plus distinguées par leur naissance vont au-devant d’eux, et tendent la main à leurs coups, comme les enfants dans les écoles ; elles sont persuadées que c’est un moyen sûr pour les femmes grasses d’accoucher heureusement et, pour celles qui sont stériles, d’avoir des enfants. César assistait à cette fête, assis dans la tribune sur un siège d’or, et vêtu d’une robe de triomphateur. Antoine, en sa qualité de consul, était un de ceux qui figuraient dans cette course sacrée. Quand il arriva sur la place publique, et que la foule se fut ouverte pour lui donner passage, il s’approcha de César et lui présenta un diadème enlacé d’une branche de laurier. Cette tentative n’excita, qu’un battement de mains faible et sourd, qui avait l’air de venir de gens apostés ; César repoussa la main d’Antoine, et