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un homme adouci à son égard, et qui fût disposé à lui pardonner. L’eût-il épargné vivant, s’il l’eût eu en sa puissance, lui qui versait sur Caton, mort depuis longtemps, tant de fiel et d’amertume ? Il est vrai que la clémence dont il usa envers Cicéron, Brutus et mille autres qui avaient porté les armes contre lui, fait conjecturer qu’il aurait aussi pardonné à Caton, et que, s’il composa ce traité contre lui, ce fut moins par un sentiment de haine que par une rivalité politique. Il le fit à l’occasion suivante. Cicéron avait composé l’éloge de Caton et donné même le nom de ce célèbre Romain à cet ouvrage, qui, sorti de la plume du plus grand orateur de Rome, et sur un si beau sujet, était, comme on peut le croire, fort recherché. César en eut du chagrin ; il regarda comme une censure indirecte de sa personne l’éloge d’un homme dont il avait occasionné la mort. Il composa donc un écrit dans lequel il entassa beaucoup de charges contre lui, et qu’il intitula Anti-Caton. Les noms de Cicéron et de César font encore aujourd’hui à ces deux ouvrages de zélés partisans.

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Dès que César fut de retour de son expédition d’Afrique, il fit une harangue au peuple, où il parla de sa victoire dans les termes les plus magnifiques ; il dit que les pays dont il venait de faire la conquête étaient si étendus