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de la terre et de la mer toutes ses provisions, tandis que César, qui n’en avait pas d’abord en abondance, se trouva bientôt réduit à manquer des choses les plus nécessaires. Ses soldats, pour se nourrir, pilaient une certaine racine qu’ils détrempaient avec du lait ; quelquefois même ils en faisaient du pain ; et, s’avançant jusqu’aux premiers postes des ennemis, ils jetaient de ces pains dans leurs retranchements, en leur disant que tant que la terre produirait de ces racines, ils ne cesseraient pas de tenir Pompée assiégé. Pompée défendit qu’on rapportât ces discours dans son camp, et qu’on y montrât ces pains ; il craignait l’entier découragement de ses soldats, qu’il voyait redouter déjà la dureté et l’insensibilité farouche de leurs ennemis, qui comme des bêtes sauvages supportaient patiemment les plus grandes privations. Il se faisait chaque jour, près du camp de Pompée, des escarmouches, où César avait toujours l’avantage ; une fois seulement ses troupes furent mises en déroute, et il se vit en danger de perdre son camp.

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Pompée les ayant attaquées avec vigueur, aucun des corps de César ne tint ferme, ils prirent tous la fuite ; on en fit un si grand carnage, que les tranchées furent couvertes de morts, et ils furent poursuivis jusque dans leurs