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étonné par lui-même, était encore plus troublé par les propos qu’on lui tenait de toutes parts : il était puni avec justice, lui disaient les uns, d’avoir agrandi César contre lui-même et contre la république ; les autres l’accusaient d’avoir rejeté Ies conditions raisonnables auxquelles César avait consenti de se réduire, et de l’avoir livré aux outrages de Lentulus. Favonius même osa lui dire de frapper enfin du pied la terre, parce qu’un jour Pompée, en parlant de lui-même en plein sénat dans les termes les plus avantageux, avait déclaré aux sénateurs qu’ils ne devaient s’embarrasser de rien, ni s’inquiéter des préparatifs de la guerre ; que dès que César se serait mis en marche, il n’aurait qu’à frapper la terre du pied, et qu’il remplirait de légions toute l’Italie.

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Pompée était encore supérieur à César par le nombre de ses troupes ; mais il n’était pas le maître de suivre ses propres sentiments ; les fausses nouvelles qu’on lui apportait, les terreurs qu’on ne cessait de lui inspirer, comme si l’ennemi eût été déjà aux portes de Rome et maître de tout, l’obligèrent enfin de céder au torrent, et de se laisser entraîner à la fuite générale. Il déclara que le tumulte était dans la ville, et il l’abandonna, en ordonnant au sénat de le suivre, et intimant à tous ceux qui préféraient