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César eût eu sur les bras la guerre civile, il n’eût pas causé à l’Italie entière moins de terreur qu’autrefois les Cimbres et les Teutons.

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César, qui tirait parti de tous les avantages que la guerre peut offrir, et qui surtout savait profiter du temps, n’eut pas plutôt appris cette révolte générale qu’il partit sans perdre un instant ; et reprenant les mêmes chemins qu’il avait déjà tenus, il fit voir aux Barbares, par la célérité de sa marche dans un hiver si rigoureux, qu’ils avaient en tête une armée invincible, à laquelle rien ne pouvait résister. Il eût paru incroyable qu’un simple courrier fût venu en un temps beaucoup plus long du lieu d’où il était parti, et ils le voyaient, arrivé en peu de jours avec toute son armée, piller et ravager leur pays, détruire leurs places fortes, et recevoir ceux qui venaient se rendre à lui ; mais quand les Eduens, qui jusqu’alors s’étaient appelés les frères des Romains, et en avaient été traités avec la plus grande distinction, se révoltèrent aussi et entrèrent dans la ligue commune, le découragement se jeta dans ses troupes. César fut donc obligé de décamper promptement, et de traverser le pays des Lingons, pour entrer dans celui des Séquanois, amis des Romains, et plus voisins de l’Italie que le reste de la Gaule. Là, environné par les