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DE PLUTARQUE.

toujours égale, toujours invincible, dans la prospérité comme dans les revers de la fortune. Sénèque a traité le même sujet ; mais quelle froideur, quelle sécheresse, au lieu de cette douceur, de cette aimable sensibilité qui règne dans celui de Plutarque ! Parmi les ouvrages de cette classe, la plus nombreuse de toutes, il n’est pas de sujet plus important, ni qui soit mieux traité sous tous les rapports, que celui où il entreprend de justifier les délais que la justice divine apporte à la punition des coupables. Il est plein d’une excellente philosophie, puisée dans les meilleures sources. La variété qu’y répandent les traits d’histoire dont il l’a semé, les exemples dont il est enrichi, les images et les ornemens du style qui couvrent de fleurs une discussion épineuse et délicate, et qui prêtent une nouvelle force à des raisonnemens sans réplique, en font incontestablement un des plus beaux écrits de Plutarque. Il est suivi d’un fragment précieux sur l’immortalité de l’âme, que Stobée nous a conservé, et qui paraît appartenir aux Traités sur l’âme que Plutarque avait composés, et qui sont perdus. Les deux discours contre l’usage des viandes sentent un peu la déclamation : il examine cette question non en physiologiste qui aurait cherché dans la conformation du