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VIE

ce sont les disciples d’Épicure ; mais on ne peut lui reprocher ici ni la même partialité, ni la même injustice. Quoique plusieurs écrivains de l’antiquité aient donné de grands éloges à la conduite et à la doctrine d’Épicure, d’autres auteurs non moins dignes de loi l’ont peint comme un libertin d’esprit et de cœur, qui n’eut ni religion ni vertu. Il paraît difficile, d’après des témoignages si opposés, d’avoir une opinion fixe sur le fondateur de l’épicuréisme ; mais ils suffisent pour ne pas accuser Plutarque de prévention dans la guerre qu’il a livrée à sa morale et à ses dogmes : d’ailleurs c’est presque toujours dans les écrits d’Épicure qu’il prend la matière de ses accusations et de sa censure. Ceux qui veulent justifier ce philosophe entendent des plaisirs de l’âme cette volupté dans laquelle il faisait consister le bonheur. Mais les maximes que Diogène Laërce nous a conservées de lui dans sa Vie, et qu’Epicure donnait pour autant de sentences et de dogmes, ne permettent pas, ce semble, de douter qu’il n’eût dans ses principes et dans sa morale les opinions les plus capables de scandaliser tous ceux qui conservaient quelque respect pour la religion et pour les mœurs. Je n’en citerai qu’une seule pour mettre les lecteurs à portée d’en juger. « Si tout ce qui