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à votre vertu qu’à la dignité du peuple romain. » Appius, après avoir longtemps réfléchi sur ces propositions, ne vit pas, dans la nécessité où il se trouvait, de meilleur parti à prendre. Il assembla tous ses amis, qui, de leur côté, en attirèrent beaucoup d’autres, et il entraîna avec lui à Rome 5000 chefs de famille avec leurs femmes, leurs enfants et leurs esclaves. C’étaient les plus paisibles des Sabins, les plus accoutumés à une vie douce et tranquille. Publicola, prévenu de leur arrivée, s’empressa de les accueillir, et leur fit le traitement le plus favorable. Il leur donna à tous le droit de bourgeoisie, et leur distribua par tête deux arpents de terre le long du fleuve Anio ; Appius en eut vingt-cinq, et fut élevé à la dignité de sénateur. Admis ainsi à l’administration des affaires, il fit paraître tant de prudence, qu’il parvint bientôt aux premières charges et acquit la plus grande autorité. C’est de lui que tire son origine la famille des Claudiens, qui ne le cède à aucune des meilleures maisons de Rome.

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La retraite de ces familles avait apaisé les troubles parmi les Sabins ; mais leurs orateurs ne purent les laisser tranquilles : ils ne cessaient de leur crier qu’il serait honteux que, ce que Clausus n’avait pu faire étant présent, il le fît lorsqu’il était fugitif et leur ennemi, et qu’il les empêchât