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citoyen nommé Appius Clausus, d’une force de corps extraordinaire, que ses grandes richesses, son éloquence et ses vertus, faisaient regarder comme le premier de sa nation. Il fut, comme tous les grands hommes, exposé à l’envie de ses concitoyens, et son opposition à la guerre fournit à ses envieux un prétexte de l’accuser qu’il cherchait à accroître la puissance des Romains pour se rendre le tyran de sa patrie et la réduire en servitude. Appius, voyant que le peuple prêtait l’oreille à ces calomnies, qu’il était haï des gens de guerre et de tous ceux qui ne voulaient pas la paix, craignit d’être traduit en justice ; et, assemblant pour sa sûreté un grand nombre de parents et d’amis, il excita des mouvements de sédition qui retardaient les hostilités. Publicola, qui mettait tous ses soins non seulement à être bien informé de ce qui se passait chez les Sabins, mais encore à entretenir, à échauffer leurs divisions, posta auprès d’Appius des gens affidés qui lui dirent de sa part : « Publicola sait que vous êtes trop grand et trop vertueux pour vouloir vous venger de vos concitoyens, quelque injustes qu’ils aient été à votre égard ; mais, si vous voulez pour voir à votre sûreté, et vous dérober à leur haine en allant vous établir à Rome, vous y serez reçu, et en public et en particulier, d’une manière aussi convenable