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dessein de tuer Porsenna, il prend un habit toscan, pénètre dans le camp des ennemis, dont il savait la langue, et fait le tour du tribunal où le roi était assis environné de ses officiers ; mais, ne le connaissant pas personnellement, et craignant de se découvrir en demandant où était Porsenna, il s’arrête à celui des officiers qui lui paraît être ce prince, et, le frappant de son épée, il le tue à l’instant. Il fut arrêté et conduit devant le roi, qui l’interrogea. Il y avait près du tribunal un brasier ardent qu’on avait préparé pour un sacrifice que Porsenna devait faire. Mucius mit sa main droite sur le feu ; et, pendant qu’elle brûlait, il regardait Porsenna d’un visage ferme et d’un oeil menaçant. Ce prince, étonné d’un courage si extraordinaire, ordonna qu’on le laissât aller, et lui rendit son épée, que Mucius reçut de la main gauche : c’est de là, dit-on, qu’il eut le surnom de Scévola, qui signifie gaucher. « J’ai bravé tes menaces, dit-il à Porsenna en prenant son épée ; mais je suis vaincu par ta générosité. Je vais faire à la reconnaissance un aveu que la violence n’aurait jamais pu m’arracher. Trois cents Romains, qui ont juré ta mort, sont répandus dans ton camp, et n’attendent que le moment favorable d’exécuter leur dessein. Pour moi, appelé par le sort à tenter le premier l’entreprise, je ne me plains pas de la fortune, qui n’