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VIE

nées à la pratique de nos devoirs ; et si l’on excepte son sentiment sur le suicide, qu’il paraît approuver, sa morale n’a rien que la raison la plus sévère ne puisse approuver.

XX. Une des qualités qui le distinguent le plus, c’est un esprit judicieux, impartial, ami du vrai, et équitable dans ses jugemens. Mais ce caractère qu’il a constamment soutenu dans les ies des grands hommes se trouve bien démenti dans deux de ses ouvrages de morale, où l’on ne reconnaît plus sa sagesse ni sa modération, et qui prouvent à quel excès les meilleurs esprits peuvent se laisser emporter, quand une Fois la prévention les égare. La première occasion où il s’est montré si différent de lui-même, c’est dans le jugement qu’il a porté de l’Histoire d’Hérodote, non sous le rapport de la composition et du style, car à cet égard il en fait le plus grand éloge, mais sur le fond même, qu’il taxe de mensonge et de fausseté, et sur le caractère de l’historien, qu’il accuse d’une méchanceté réfléchie. Ou pourrait dire, pour diminuer le tort de Plutarque, qu’un jugement si contraire à la vérité avait pris sa source dans un motif honnête : ce fut l’amour de sa patrie qui le rendit injuste. Mais ce sentiment, tout vertueux qu’il est, ne saurait excuser l’excessive partialité qui éclate dans tout