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devait au hasard, il se trouva dans le plus grand embarras. Il voyait du danger, et il y en avait, en effet, à dénoncer à Brutus ses propres enfants, ou à Collatinus ses neveux, et à les accuser du crime le plus horrible. D’un autre côté, il ne connaissait dans Rome aucun particulier à qui il pût confier un pareil secret ; mais la chose dont il se sentait le moins capable, c’était de le garder. Enfin, pressé par sa conscience, il va trouver Valérius : il fut attiré vers lui par sa douceur et son humanité, par l’accès facile qu’il donnait à tout le monde et en particulier aux pauvres, qui trouvaient toujours sa maison ouverte pour lui parler de leurs affaires et lui exposer leurs besoins.

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Vindicius ne lui eut pas plus tôt raconté, en présence de sa femme et de Marcus Valérius son frère, tout ce qu’il avait vu et entendu, que Valérius, saisi de crainte et d’horreur, enferme l’esclave dans sa chambre ; et, laissant sa femme pour garder la porte de la maison, il charge son frère d’aller investir le palais du roi, de faire en sorte d’y surprendre les lettres, et de se saisir de tous les domestiques. Lui-même, accompagné d’un grand nombre de clients et d’amis qui ne le quittaient jamais, et suivi de tous ses esclaves, il se rend sans différer à la maison des Aquilius, qu’il trouve sortis. Comme personne ne l’attendait, il entre sans la moindre