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des riches. La ville observait encore les lois de Solon ; mais tous les citoyens mettaient leur espoir dans la nouveauté, et désiraient une autre forme de gouvernement ; non qu’aucun parti voulût rétablir l’égalité, mais chacun d’eux espérait gagner au changement et dominer les partis contraires. Les choses étaient en cet état quand Solon revint à Athènes. Il y fut reçu de tout le monde avec beaucoup d’honneur et de respect. Comme son grand âge ne lui permettait plus de parler et d’agir en public avec la même force et la même activité qu’auparavant, il s’aboucha avec les chefs des partis, et travailla, dans des conférences particulières, à mettre un terme à leurs différends et à les réconcilier ensemble. Pisistrate surtout paraissait entrer dans ses vues. Il était d’un caractère aimable, insinuant dans ses propos, secourable envers les pauvres, doux et modéré pour ses ennemis. Il savait si bien imiter les qualités que la nature lui avait refusées, qu’il paraissait les posséder à un plus haut degré que ceux qui en étaient doués naturellement, et qu’il passait généralement pour un homme modeste, réservé, zélé partisan de la justice et de l’égalité, ennemi déclaré de ceux qui voulaient changer la forme actuelle du gouvernement et introduire des nouveautés. C’était par cette dissimulation qu’il en imposait au peuple. Mais Solon, qui