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SOLON.


n’eût l’avantage sur l’autre. Dans le même temps, la division que cause presque toujours, entre les pauvres et les riches, l’inégalité de fortune, se trouvant plus animée que jamais, la ville, dans une situation si critique, semblait n’avoir d’autre moyen de pacifier les troubles et d’échapper à sa ruine que de se donner un roi. Les pauvres, accablés par les dettes qu’ils avaient contractées envers les riches, étaient contraints de leur céder le sixième du produit de leurs terres ; ce qui leur faisait donner le nom de sixenaires et de mercenaires ; ou bien, réduits à engager leurs propres personnes, ils se livraient au pouvoir de leurs créanciers, qui les retenaient comme esclaves ou les envoyaient vendre en pays étranger. Plusieurs même étaient forcés de vendre leurs propres enfans, ce qu’aucune loi ne défendait ; ou ils fuyaient leur patrie, pour se dérober à la cruauté des usuriers. Le plus grand nombre et les plus animés d’entre eux s’étant assemblés, s’excitèrent les uns les autres à ne plus souffrir ces indignités ; ils résolurent de se donner pour chef un homme digne de leur confiance, d’aller sous sa conduite délivrer les débiteurs qui n’avaient pu payer aux termes convenus, de faire un nouveau partage des terres, et de changer la forme du gouvernement.

XVII. Dans cette fâcheuse conjoncture, les