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SOLON.


On rapporte aussi que lorsqu’il vit le fort de Munychium, il le considéra long-temps, et dit à ceux qui l’accompagnaient : « Que les hommes sont aveugles sur l’avenir ! Si les Athéniens pouvaient prévoir tous les maux que ce lieu doit un jour causer à leur ville, ils l’emporteraient à belles dents. » Thalès eut aussi, dit-on, un pressentiment à peu près semblable : il ordonna qu’on l’enterrât dans le lieu le plus sauvage et le plus désert du territoire de Milet, et il prédit aux Milésiens qu’un jour leur marché public y serait transporté. Les Athéniens, pleins de reconnaissance et d’admiration pour Épiménide, voulurent le combler d’honneurs et de présens ; mais il ne demanda qu’une branche de l’olivier sacré, qui lui fut accordée, et il s’en retourna en Crète.

ΧVI. Le bannissement de tous ceux qui étaient complices du crime Cylonien avait rétabli la tranquillité dans Athènes ; mais bientôt les anciennes dissensions sur le gouvernement se ranimèrent, et la ville se partagea en autant de factions qu’il y avait de différentes sortes de territoires dans l’Attique. Les habitans de la montagne demandaient un gouvernement populaire : ceux de la plaine préféraient un état oligarchique : et ceux de la côte, portés pour un gouvernement mixte, balançaient les deux autres partis, et empêchaient que l’un