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SOLON.


allèrent en supplians se jeter aux pieds des femmes des archontes. Cette action atroce fit regarder les magistrats comme des sacriléges, et les rendit les objets de la haine publique. Ceux qui étaient restes du parti de Cylon, ayant repris du crédit et de l’autorité, furent toujours en guerre ouverte avec les descendans de Mégaclès. Cette sédition était alors dans sa plus grande force, et le peuple était partagé entre les deux factions. Solon, mettant à profit l’estime dont il jouissait, employa près d’elles sa médiation ; et, secondé par les principaux Athéniens, il parvint, à force de prières et de remontrances, à déterminer ceux qu’on nommait les sacriléges à se soumettre au jugement de trois cents des plus honnêtes citoyens. La cause fut plaidée, sur l’accusation de Milon du bourg de Phlyée. On condamna les sacriléges : ceux qui vivaient encore furent bannis ; on déterra les ossemens de ceux qui étaient morts, et on alla les jeter hors du territoire de l’Attique. Cependant ceux de Mégare, profitant de ces troubles, attaquèrent les Athéniens, les chassèrent de Nysie(*), et reprirent Salamine.

XV. Au chagrin que ces pertes causèrent à ceux-ci se joignirent des craintes superstitieuses dont la ville fut frappée, et qui venaient

(*) Ville située sur le golfe de Corinthe.