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le bienfaiteur d’une multitude de fugitifs, qui, n’ayant ni feu ni lieu, demandaient à se réunir en un corps de peuple et à devenir des citoyens. Il ne tua pas, à la vérité, des voleurs, et des brigands ; mais il dompta des nations, des villes, et mena en triomphe des rois et des généraux d’armées.

VI. On n’est pas d’accord sur le véritable auteur de la mort de Rémus ; et le plus grand nombre des historiens en rejettent le crime sur d’autres que Romulus. Mais tout le monde convient qu’il sauva sa mère d’une mort certaine ; qu’il replaça sur le trône d’Énée Numitor son aïeul, qui languissait dans un honteux esclavage ; qu’il lui rendit volontairement de très grands services, et qu’il ne lui fit aucun tort, même involontaire. La négligence et l’oubli de Thésée pour l’ordre que son père lui avait donné de changer la voile de son vaisseau me paraissent impossibles à justifier, même devant les juges les plus indulgents ; et la défense la mieux préparée ne pourrait, je crois, l’empêcher d’être condamné comme parricide. Aussi un auteur athénien, voyant que cet oubli ne pouvait guère s’excuser, a-t-il supposé qu’Égée, en apprenant l’arrivée du vaisseau, courut à la citadelle avec tant de précipitation, pour le voir aborder au port, qu’il fit un faux pas et se laissa tomber.