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connu de ceux dont il était le libérateur ; et ce qui ajoute à sa gloire, c’est qu’il pouvait, en prenant le chemin de la mer, voyager en sûreté, sans avoir rien à craindre des brigands. Mais Romulus n’aurait jamais été tranquille tant qu’Amulius aurait vécu. Une grande preuve de la supériorité de Thésée, c’est que, sans avoir reçu aucune insulte de ces brigands, il alla les attaquer pour l’intérêt des autres. Romulus et Rémus, tant qu’ils ne furent pas personnellement offensés par le tyran, ne se montrèrent pas sensibles à l’oppression des autres. Si Romulus donna des preuves d’un grand courage lorsqu’il fut blessé en combattant contre les Sabins, lorsqu’il tua Acron de sa main, et qu’il vainquit en plusieurs occasions un grand nombre d’ennemis, on peut opposer à ces belles actions le combat de Thésée contre les Centaures et la guerre des Amazones.

140 II. Mais quel dévouement dans ce qu’il osa faire pour affranchir Athènes du tribut qu’elle payait au roi de Crète ; dans l’offre volontaire qu’il fit d’accompagner les jeunes filles et les jeunes garçons qu’on y envoyait, et de partager avec eux le danger d’être ou dévoré par le Minotaure, ou immolé sur le tombeau d’Androgée, ou enfin, ce qui était le moindre péril qu’il eût à courir, d’être réduit au plus honteux esclavage,