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plus pressantes :

« Qu’avons-nous fait ? leur dirent-elles ; et par quelle offense avons-nous mérité et les maux que nous avons déjà soufferts, et ceux que nous souffrirons encore ? Enlevées par force, et contre toute justice, par les hommes à qui nous appartenons maintenant ; longtemps négligées, après un tel outrage, par nos frères, nos pères et nos proches, nous avons eu le temps de nous attacher à ces Romains qui étaient l’objet de toute notre haine, et de former avec eux des liens si intimes, que nous sommes forcées aujourd’hui de craindre pour ceux de nos ravisseurs qui ont encore les armes à la main, et de pleurer ceux d’entre eux qui sont morts. Vous n’êtes pas venus nous venger de cette injustice pendant que nous étions encore filles, et vous venez aujourd’hui arracher 125 des femmes à leurs maris et des mères à leurs enfants ! L’abandon et l’oubli dans lequel vous nous avez laissées alors ont été moins déplorables que les secours que vous nous donnez maintenant. Malheureuses que nous sommes ! voilà les marques de tendresse que nous avons reçues de nos ennemis ; voilà les marques de pitié que vous nous avez données. Si vous vous faites la guerre pour d’autres motifs qui nous soient