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Tarpéia fut enterrée dans le lieu même, qui prit le nom de roche Tarpéienne, et le conserva jusqu’à ce que Tarquin l’Ancien l’eût consacré à Jupiter : alors on transporta ailleurs les ossements de Tarpéia, et son nom se perdit. Il n’est resté qu’à une des roches du Capitole, qui s’appelle encore aujourd’hui la roche Tarpéienne, d’où l’on précipite les criminels.

XXII. Romulus, voyant les Sabins maîtres de la forteresse, transporté de colère, les défie au combat. Tatius l’accepte sans balancer, parce qu’il se voyait une retraite sûre en cas qu’il 121 fût forcé. Le champ de bataille, étant resserré entre plusieurs montagnes, devait rendre nécessairement le combat difficile et rude pour les deux partis. Il était d’ailleurs si étroit, qu’il ne laissait pas la facilité de fuir l’ennemi, ni de le poursuivre. Enfin le Tibre, qui s’était débordé, avait, en se retirant, laissé dans la plaine où est aujourd’hui la grande place un bourbier profond, qu’il n’était facile ni d’apercevoir ni d’éviter, parce qu’il était couvert d’une croûte épaisse, d’où il eût été impossible de sortir, si l’on s’y fût engagé. Les Sabins, qui ne connaissaient pas le terrain, allaient donner dans cette fondrière, lorsqu’un heureux hasard les en préserva. Un de leurs officiers, nommé Curtius, fier de son courage et de sa réputation, s’était avancé loin