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mystères. Ils firent creuser un fossé autour du lieu qu’on appelle maintenant le Comice ; on y jeta les prémices de toutes les choses dont on use légitime— 110 ment comme bonnes, et naturellement comme nécessaires. À la fin, chacun y mit une poignée de terre qu’il avait apportée du pays d’où il était venu (8), après quoi on mêla le tout ensemble : on donna à ce fossé, comme à l’univers même, le nom de Monde. On traça ensuite autour du fossé, en forme de cercle, l’enceinte de la ville. Le fondateur mettant un soc d’airain à une charrue y attelle un bœuf et une vache (7), et trace lui-même sur la ligne qu’on a tirée un sillon profond. Il est suivi par des hommes qui ont soin de rejeter en dedans de l’enceinte toutes les mottes de terre que la charrue fait lever, et de n’en laisser aucune en dehors. La ligne tracée marque le contour des murailles ; et, par le retranchement de quelques lettres, on l’appelle Pomérium, c’est-à-dire, ce qui est derrière ou après le mur. Lorsqu’on veut faire une porte, on ôte le soc, on suspend la charrue, et l’on interrompt le sillon. De là vient que les Romains, , qui regardent les murailles comme sacrées, en exceptent les portes. Si celles-ci l’étaient, ils ne pourraient, sans blesser la religion, y faire passer les choses nécessaires qui doivent